Projets à venir

Les projets s'inscrivent dans une recherche exploratoire d'une littérature plus spécifiquement conçue pour l'oreille. Ils se rapprochent à la fois de la pratique du carnet littéraire, du récit court, de fragments sous forme de correspondance. J'aime à imaginer que je construis de nouveaux pavillons d'écriture pour l'oreille. Mes prochains ateliers se donneront à l'hiver 2023 dans le cadre d'une formule qui privilégiera une prestation de lecture publique entre Sherbrooke, Mairie-des-Lilas et la ville de Prague. Des ateliers d'écriture seront également dispensés en juillet 2023 pour souligner le 40e anniversaire du décès de l'écrivaine Gabrielle Roy.

Extrait du recueil de nouvelles Les ponts de Prague, publié chez Lévesque Éditeur - 2022

Construire des ponts c'est créer un passage entre l'ombre et la lumière.

Vinárna Čertovka Street, Malá Strana,

« On entre dans cette librairie à Prague un peu comme on entre dans une église. On progresse à l'intérieur d'une cave romaine remplie de livres qui sont laissés à l'abandon. On les découvre soudain comme des amis disparus. On vient s'y reposer parce qu'on sait que les livres nous donnent à découvrir ce qu'il y a au fond de soi. On avance, avec un léger frisson au cœur, car on a le sentiment de revenir chez soi, de redécouvrir ce qui nous habite. On aurait envie de saisir un de ces livres, de l'ouvrir au hasard, d'être porté par une voix qui raconte nos tourments, nos désirs, nos petits bonheurs, vite arrachés à la succession des jours. Dans cette librairie, les étagères bondées craquent, parfois un livre tombe à nos pieds. Il suffit de le ramasser pour que le miracle se produise. Nous ouvrons une page au hasard et quelqu'un nous parle. On n'est plus seul. Quelque chose laisse une trace. On retrouve le courage et la confiance de poursuivre sa route. On descend alors un escalier en forme d'escargot qui donne sur une grande salle remplie de livres. On sent les œuvres rugir d'une présence silencieuse. Sur une table : un recueil de poèmes d'Emily Dickinson. Là, tout juste à côté, apparaît le sourire indicible de Leonard Cohen. Le regard du poète m'invite à me prolonger dans l'antre de la lecture. On se dit alors que les disparus font preuve d'une présence qui étreint. Que le pont entre la vie et la mort est fragile. Ainsi vont les livres au cœur de notre existence. Alors... quand je pense à cette librairie et à ce moment de grâce, j'oublie parfois la dureté des jours. La nuit, il m'arrive encore de souffler sur mes doigts gelés, d'ouvrir un livre pour me promener entre l'ombre et la lumière, parmi les fantômes des vivants. Parfois je capte la solitude de quelqu'un que je n'ai pas connu. Le livre m'aide à me lover au creux de la nuit. Les écrits restent, dit-on. Ainsi, à ma façon, dans la solitude de l'écriture, je cherche à tendre une main secourable, un pont pour traverser de l'autre côté des choses. ait du recueil de nouvelles autour des ponts en relation avec Prague ».